Le féminisme au Tchad : entre hostilité et résistance - Épiphanie Dionrang

Il existe des lieux qui ne sont pas que des espaces physiques, mais des foyers de transformation. Des lieux où les mots sont semés comme des graines de conscience. Le cercle Eyala, tenu à N’Djamena le 17 juin 2025, fut l’un de ces lieux. Un espace féministe, vivant, vulnérable, radicalement humain. Ce cercle n’était pas seulement un rendez-vous de militantes féministes, c’était un miroir tendu à nos intimités, à nos expériences, à nos douleurs, à nos contradictions. Ce que j'y ai entendu, ressenti, pensé continue de m'habiter.

Que signifie être féministe au Tchad ? C’est autour de cette question que les discussions ont commencé. Dans les échanges, plusieurs participantes ont partagé qu’elles vivaient déjà des valeurs féministes avant même d’avoir le vocabulaire féministe pour les nommer. Résister à une tradition humiliante, élever sa fille autrement, refuser une injonction silencieuse… autant d’actes de rupture avec le système patriarcal.

Une participante a dit : « J’étais une féministe, mais je n’avais pas la définition. J’ai compris que je l’étais depuis le bas âge, quand j’ai intégré la Ligue tchadienne des droits des femmes. » Cette parole illustre bien nos processus de devenir féministe. Ce décalage entre le vécu et le langage me paraît crucial. Il rappelle que le féminisme n’est pas une théorie importée, mais une pratique qui s’enracine dans des vies. Ce que beaucoup vivent, en s’opposant aux normes patriarcales, sans forcément le nommer, est déjà, en soi, de la résistance. Toutefois, sans les nommer et sans les inscrire dans le cadre d’une lutte globale pour la libération des femmes, ces actes de résistance restent souvent invisibles, non reconnus, isolés.

Mais nommer, justement, fait peur. Dans le cercle, les témoignages d’hostilité, de rejet, parfois même de violences, étaient nombreux. Le féminisme est perçu par beaucoup comme « occidental », une rébellion contre « l’ordre naturel » ou « les valeurs africaines ». On y voit une idéologie étrangère, occidentale, qui viendrait corrompre nos traditions. Au Tchad, parler de féminisme, c’est encore se heurter à une incompréhension profonde. On caricature, on diabolise, on marginalise. La peur est omniprésente. Peur de perdre son emploi lorsqu’on dénonce le harcèlement en milieu professionnel, un phénomène dont beaucoup de femmes tchadiennes ont témoigné. Peur d’être stigmatisée dans sa famille ou son quartier. Peur aussi d’être seule, isolée dans un combat qui semble parfois trop lourd à porter.

Ces peurs, créées et renforcées continuellement, empêchent d’agir, de parler, de contester. Ce sont des moyens de maintien de l’ordre patriarcal. Et c’est un fait qui n’est pas anodin. Il révèle quelque chose : si le féminisme dérange à ce point, c’est qu’il est puissant. C’est une force de déstabilisation des rapports de pouvoir, et c’est précisément ce qui le rend nécessaire. Comme le disait une participante au cercle : « Le système patriarcal donne le pouvoir aux hommes sur les femmes, avec tout ce qui l’accompagne : les injonctions à la soumission faites aux femmes, l’usage de la religion… Donc, quand on se dit féministe, c’est qu’on peut défier ce pouvoir. »

Les réactions défensives face aux féministes traduisent la peur de perdre des privilèges, de voir vaciller un pouvoir masculin transmis de génération en génération. Cependant, l’acharnement contre les féministes, loin de les faire taire, les oblige souvent à se renforcer. Une autre participante a dit : « On apprend à être solide parce qu’on n’a pas le choix. » C’est vrai, mais c’est aussi épuisant. Les attaques contre les féministes, en famille, au travail, dans la société, pèsent, isolent, et blessent. Encaisser tout le temps des coups, des insultes, des mises à l’écart a des conséquences.

J’ai moi-même subi du cyberharcèlement pour mes prises de position féministes. Des attaques cruelles, traumatisantes, venues d’inconnus mais aussi de proches. Ce qui m’a tenue debout, ce sont les messages, les appels, les voix de mes sœurs en lutte. Leur solidarité et sororité m’ont portée. Pour moi, la sororité est un muscle. Elle se construit, se travaille, se pratique. La sororité est un espace de soin, mais aussi un outil politique. Dans nos cercles, on s’écoute, on se serre dans les bras, on pleure parfois. On partage aussi des savoirs, des stratégies, et aussi des contradictions parfois…

La sororité ne nie pas les conflits ; au contraire, elle permet de les aborder sans violence destructrice. Car oui, il y a des tensions entre féministes ; des fossés générationnels ; des écarts entre militantes des villes et des campagnes ; des incompréhensions entre celles qui parlent le langage académique et celles qui viennent du terrain. Il y a aussi de l’ego, parfois. Des compétitions, des non-dits, des hiérarchies reproduites malgré nous. Nous pouvons apprendre à gérer les contradictions sans perdre l’esprit de construction collective. Et c’est possible avec un esprit sorore. Cela implique d'accepter que nous sommes à des étapes différentes de nos cheminements féministes. Cela exige aussi de se remettre en question, d'écouter les critiques, désamorcer les conflits sans violence symbolique. Aussi, de se rappeler qu’un féminisme qui exclut, qui humilie ou qui méprise est un féminisme qui trahit sa raison d’être. Et surtout, ne pas oublier notre adversaire commun : le patriarcat. 

Un autre point discuté lors du cercle et qui m’a marquée, c’est l’appel à une éducation féministe accessible et contextualisée. Un des défis majeurs du féminisme tchadien aujourd’hui est celui de l’accès à l’éducation féministe. C’est un chantier indispensable. Il ne s’agit pas simplement de transmettre des savoirs, mais de faire naître une conscience critique, une capacité à interroger le monde, à contester les normes qui nous oppressent. Il est aussi impératif de donner aux militantes les outils intellectuels et politiques nécessaires pour faire face aux arguments fallacieux, aux traditions figées, aux institutions hostiles. Il faut créer des programmes éducatifs qui parlent les langues locales, qui intègrent les récits des femmes rurales, qui tiennent compte des traditions pour mieux les interroger. Il faut une pédagogie populaire et intersectionnelle.

Trop souvent, l’accès aux savoirs féministes dépend de la langue, du niveau d’études, des réseaux internationaux. L’éducation féministe doit circuler dans les quartiers, les villages, les écoles. Elle doit parler les langues locales, s’adapter aux réalités de celles qui n’ont jamais mis les pieds à l’université. Un point qui a été évoqué lors du cercle et qui m’a parlé, c’est que les espaces de parole entre féministes en Afrique sont des lieux d’éducation politique au sens le plus fort du terme. Ce sont des lieux où l’on réinvente le monde, où l’on détricote les oppressions, où l’on partage des savoirs souvent tus. Ces espaces de parole entre féministes doivent être protégés, nourris, étendus.

Le cercle Eyala a été bien plus qu’une discussion, il fut un refuge. Dans une société tchadienne encore largement marquée par les normes patriarcales, où être féministe reste encore trop souvent un acte de défiance, voire de mise en danger, j’ai vécu le temps du cercle comme une bulle de sécurité. Les espaces comme le cercle sont encore trop rares au Tchad. Trop peu d’endroits où l’on peut parler sans peur, où notre parole est entendue. Militer dans un environnement hostile use le corps, le cœur, les nerfs. Il faut des espaces entre féministes. Des lieux où se déposer, pleurer sans honte ; où parler du burn-out, de la fatigue, du découragement ; où l’on peut dire « je n’en peux plus » sans se sentir faible. 

De tels espaces sont des conditions favorables à la survie, à la résistance. Ils nous rappellent que nous ne sommes pas seules, que nos combats sont partagés, et qu’ils valent la peine d’être menés, même à contre-courant. Le féminisme n’est pas qu’un combat, c’est aussi une reconstruction intérieure. Et cette reconstruction a besoin de rituels, de douceur, de pauses, de communauté. Il nous faut plus d’espaces entre nous. Nous devons les multiplier, les faire exister hors des capitales, hors des cercles restreints d’initiées. Le féminisme tchadien ne pourra s’imposer que s’il est capable de parler aux femmes tchadiennes de tous les horizons, de prendre en compte leurs réalités, leurs langages, leurs résistances spécifiques. 

Les conversations dans leur ensemble m'ont fait prendre conscience que, malgré les violences structurelles que subissent les femmes au Tchad, elles sont là, debout, prêtes à se battre. Prêtes à nommer les oppressions, à dénoncer les injustices, à résister ensemble. Oui, les limites sont grandes. Oui, les obstacles sont nombreux. Mais il y a de l’espoir. Je suis ressortie de ce cercle en me disant que je vais continuer à parler, à résister. Je refuse de laisser les autres écrire nos histoires à notre place.

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Épiphanie Dionrang est une militante féministe tchadienne, et présidente de la Ligue Tchadienne des Droits des Femmes. Artiste slameuse, elle utilise le slam pour dénoncer les injustices.

« Le Cercle Eyala a créé un espace pour renforcer la sororité » - Chanceline Mevowanou (Benin)

Organiser le cercle Eyala à Cotonou a été une activité passionnante. J’avais hâte de retrouver les personnes avec qui je partage des rêves et des actions collectives pour le bien-être et l’épanouissement des filles et des femmes au Bénin. Cela s’est concrétisé. 

Le samedi 28 janvier 2023, les féministes béninoises ont accueilli leur premier cercle Eyala. L’évènement s’est déroulé à Cotonou au Jardin de Canelya. Quand je pense à ce cercle, l’une des premières choses qui me viennent à l’esprit, c’est le sentiment de bien-être, de vulnérabilité et de renouvellement de soi que j’ai ressenti pendant les conversations. Y compris l’épuisement physique et émotionnel que j’ai senti à la fin du cercle. Je suis rentrée et je me suis aussitôt endormie comme un bébé. On m’avait invité à une représentation théâtrale ce même jour dans la soirée. Je n’ai pas été voir le spectacle parce que mon sommeil après le cercle était tellement profond que j’ai tout oublié.  

Les cercles Eyala sont des moments de partages authentiques et intenses. Il faut le vivre pour comprendre. 

Au Bénin et dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest Francophone, il y a toujours de l’enthousiasme et de la mobilisation lorsque vous entreprenez d’organiser des espaces et des conversations centrés sur les expériences authentiques des féministes. Je l’ai vu en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger… Parce que les cercles féministes où on ne vient pas parler de nos boulots et/ou de nos connaissances de tel ou tel concept féministe ne sont pas fréquents de nos jours. Je ne sais pas si de tels cercles ont durablement existé par le passé. Le besoin d'espaces sûrs, intimes où les féministes peuvent raconter leurs propres histoires et s’autoriser à être vulnérables est réel. Beaucoup de féministes en sont conscientes. 

Une sœur féministe béninoise qui s’appelle Océane m’en parle très souvent lors de nos échanges. Elle trouve que nos boulots au sein des organisations et la recherche d’expertises thématiques ont pris trop de place dans nos militantismes. Alors que nous examinons très peu comment nous vivons et incarnons le féminisme dans nos vies ou pas. Quand j’ai envoyé les invitations pour le Cercle de Cotonou, elle était en voyage au Mali et en Guinée. Elle est rentrée de son voyage le samedi à 05h du matin et est venue pour le Cercle Eyala dans la même matinée. Elle ne voulait pas manquer. À la fin du cercle, elle a partagé ses impressions en ces mots :

« Le cercle était intéressant du fait qu’on donnait la voix aux féministes pour les écouter sur autre chose que ce qu’elles font. On questionnait leur rapport intime avec le féminisme comme identité. » 
— Océane

Nous étions une vingtaine de participantes pour le cercle. Des féministes que je connaissais, celles que je ne connaissais pas, des féministes plus âgées, des plus jeunes également. Sans oublier des femmes qui commençaient à se revendiquer féministes et qui sont au début de leur voyage. Au milieu et devant nous, il y avait à boire, à manger. Le cadre qui nous a accueilli était un peu vert et calme. J’ai pris le temps d’observer les arrivées. C’était comme des retrouvailles pour la plupart d’entre nous. Nous n’avons pas cessé de nous voir. Cependant, nous nous voyions autour des activités de nos boulots, autour des projets et les énergies n’étaient pas les mêmes que celles présentes le jour du cercle. J’ai éprouvé de la gratitude en voyant la bonne ambiance dès l’arrivée et l’installation des participantes.  Des sourires, de la bonne énergie, des câlins…Ce que ça évoque pour moi est que nous avons besoin d’organiser des espaces pour nous-mêmes. Kifayath, une participante au cercle :

« Le cercle a été pour moi un espace de découverte et de partage d’expériences. Je me suis sentie libre et heureuse de pouvoir m’exprimer sans filtre. J’ai adoré l’ambiance bon enfant qui a régné tout au long de la séance ». 
— Kifayath

En introduction aux échanges, j’ai parlé de Eyala et de l’esprit des cercles que nous organisons. Pour beaucoup, c’était la première fois qu’elles entendaient parler de Eyala. D’autres suivaient déjà Eyala et connaissait notre Fondatrice, Françoise Moudouthe. Nous avons échangé autour du thème « Nos vies féministes ». L’idée de ce cercle était d'explorer ensemble nos expériences personnelles de féministes africaines et questionner nos vies féministes ou pas, en toute intimité et sûreté. La beauté des cercles Eyala c’est que rien n’est imposé, figé ou prédéterminé concernant ce qu’il faut partager. Le cercle se déroule selon ce que les personnes présentes ont envie de partager. 

Les échanges dans un premier temps se sont focalisés sur nos premières prises de consciences féministes. Beaucoup de participantes dans le cercle se connaissaient mais surtout à travers le travail militant, en tant que membre ou présidente de telle organisation... Pour tisser plus de liens, et instaurer une certaine confiance, naturellement le besoin de se (re)découvrir, de connaître l’histoire derrière la militante, s’est fait ressentir. Ce cercle de mon point de vue a créé l’espace pour renforcer la sororité entre nous car en devenant plus proches, en ayant des conversations plus intimes, nous consolidons la solidarité. C’est ce que démontrent d’ailleurs les témoignages des participantes à la fin des échanges. C’est l’exemple de Axelle, une participante qui a partagé comment elle s’est sentie pendant le cercle :

« Le cercle Eyala m’a apporté le sentiment d’appartenance à une communauté. Une communauté de personnes déterminées pour que les choses qui asservissent les femmes puissent cesser. C’est incroyable. » 
— Axelle

Des histoires passionnantes ont été racontées lors des conversations. L’une d’entre nous a raconté que quand elle était élève, dans son école, les filles ne pouvaient pas être responsables de classe et les garçons ne balayaient pas. Elle a trouvé que cela était injuste et s’est donné comme objectif de devenir responsable de classe et instaurer le balayage des classes pour tous les élèves, filles et garçons. Ce qu’elle a réussi à faire avec beaucoup de combativité. Cela a été le début de son voyage féministe. 

Pour une autre, c’est le fait d’avoir été victime de harcèlement sexuel de la part d’un professeur à l’université qui a déclenché des prises de consciences féministes et la volonté de prôner et incarner un nouvel ordre social où les jeunes femmes évoluent sans subir des violences sexistes. 

Nous avons écouté une participante qui a raconté son histoire de femme africaine vivante avec un handicap et qui se bat pour changer les récits réducteurs à propos des personnes vivantes avec un handicap. Ce fut l’un de mes moments préférés du cercle. Elle a partagé comment le soutien de sa mère a été un pilier dans sa vie. Son histoire nous a enseigné le pouvoir de l’amour et de la communauté. Nous sommes connectées et interdépendantes. Ces liens représentent des zones de pouvoir où nous pouvons opérer pour ne laisser aucune femme de côté. Mais nous oublions souvent cela dans un monde où l’individualisme induit par nos systèmes nous fait penser que nous sommes puissantes toutes seules. Son partage m’a fait réaliser encore plus que personne n’est sans voix. Il y a des voix invisibilisées, silenciées, des voix que nous n’entendons pas…mais pas des personnes sans voix. 

Les échanges dans un second temps ont porté sur comment nous incarnons personnellement le féminisme, si nous y parvenons et comment nous nous sentons quand nous n’y parvenons pas. J’ai noté que ce sont des questions que nous n’abordons pas souvent. Parce que le féminisme à travers la réalisation de projets semble être la façon dont nous vivons plus le féminisme. C’est surtout à travers ces réalisations que le public tente de nous évaluer également.

Lors du cercle, beaucoup ont exploré cette question surtout à travers le « to do - faire ce que je fais » et un peu à travers le  « to be - être ce que je suis, ce que j’incarne ». Néanmoins, nous avons écouté beaucoup d’histoires résonnantes. Des histoires qui font honneur à nos humanités. Certaines de ces histoires ont montré qu’il y a un parcours entre « dire je suis féministe », avoir la volonté de l’être et « vivre réellement le féminisme ». Personnellement et collectivement. 

Nous avons par exemple écouté des survivantes de violences sexuelles parmi nous qui ont partagé leurs vécus et comment elles tentent aujourd’hui de guérir et incarner un féminisme. Les expériences racontées nous ont transporté dans toutes les émotions : des sourires, des rires, des pleurs, des silences pesants... Nous nous sommes écoutées. Beaucoup d’entre nous se sont senties vues et accueillies.

« Je me suis sentie libre. Libre d’être moi, sans artifices. Parce que j’étais en face de personnes bienveillantes qui assumaient leurs blessures. J’ai aimé le fait que ce soit dans un jardin et tout ce qu’il y avait à déguster. J’ai aimé l’ambiance apaisante.»
— Nadège

Vers la fin des échanges, nous avons écouté les expériences de certaines féministes plus âgées, comment elles ont vécu leur féminisme et l’héritage qui reste pour les plus jeunes. Une leçon que je garde de cette partie des échanges est qu’en tant que jeunes féministes, notre quête ne devrait pas être de pointer incessamment les aînées sans chercher à mieux faire. Il s’agirait de s’appuyer sur les ressources dont disposent les aînées, apprendre de leurs expériences et chercher à bâtir avec elles. Nous avons collectivement reconnu que les conversations sont importantes et nécessaires pour cette construction de mouvement. La conversation est l’une des armes dont nous disposons. C’est à travers la conversation que nous pouvons surmonter les jugements, se connaître plus et échanger nos pensées.

Je garde l’espoir que nous aurons d’autres cercles Eyala à Cotonou. Parce que ce premier cercle a été un moment inoubliable pour moi et les participantes.