« Que vous vous en sentez capables ou non n’est pas la question. Moi j’ai confiance en vous… » - Edwige Dro (Côte d'Ivoire)

   Accra / Prampram – Ghana

Au cours des cinq derniers mois, nous n’avons fait que des réunions en ligne et discuté seulement via WhatsApp pour planifier le contenu d'Eyala en vue de son relancement, tout en s’imprégnant de sa vision: Être une plateforme par, pour et sur les féministes africaines. Nous avons parcouru les tonnes de belles choses que Françoise a rassemblées au fil des ans… Affaire à suivre !

Tout au long de ces cinq mois, nous nous sommes demandées si nous avions ce qu'il fallait pour être les tantines qui assurent pour Eyala, alors que Françoise ne se souciait même pas du bien-être de son bébé.

« Que vous vous en sentez capables ou non n’est pas la question. Moi j’ai confiance en vous sinon je ne serai jamais venue vers vous » , a-t-elle dit.

Et nous avons dû la croire, que nous pouvions nous débrouiller sans mettre en danger le bébé.

Mais bien que nous ayons fait beaucoup de choses par le biais de Zoom, eh bien, Zoom ne peut pas remplacer les interactions humaines et ne permet pas non plus le silence, ou ces conversations qui prennent la tangente, n'ayant apparemment rien à voir avec le sujet du jour mais contenant en elles la graine de quelque chose de fantastique. Et c'est pour cela que la retraite devait avoir lieu, parce que nous devions nous rencontrer pour nous plonger dans le relancement d'Eyala, rencontrer notre merveilleuse communauté à Accra, et pour vraiment se voir en vrai !

Et nous nous sommes rencontrés.

Nous vous épargnerons la recherche d'un percolateur à café qui nous a fait aller d'un café à un centre commercial à un supermarché. Des appels téléphoniques ont même été passés, chères lectrices (et lecteurs), et une demi-journée de réunion s'est envolée, mais nous avons trouvé le percolateur à café, un piston à café nommé à juste titre Kofi la cafetière. Une fois que nous l'avons trouvé, nous avons continué notre voyage jusqu'à Prampram où pendant trois jours, de 9h à 18h, avec deux heures allouées au déjeuner, nous avons planifié le relancement de la plateforme Eyala avec le matériel que nous avions déjà, les choses qu’il fallait absolument qu’on écrive parce que nous avions cette opportunité de permettre aux conversations de dévier, les valeurs que nous défendions, notamment l'amour et la gentillesse dans nos interactions avec des féministes africaines et dans des conversations féministes africaines. Mais surtout, nous avons pu nous rencontrer, apprendre à nous connaître et nous amuser ! Nos échanges ont transcendé Zoom !

Jama n'est pas seulement la boss des stratégies de contenu et de planification, mais elle est aussi la fille qui a toutes les citations de feu. Quant à Nana, nous l'appelons unanimement la coordinatrice exécutive en chef. Rien n'arrête cette femme, pas même le fait de se retrouver dans un environnement qu'elle ne connait pas, et d'y organiser des sessions de travail, que ce soit dans une salle de conférence ou décider de transporter le bureau au bord de l'océan. Les conversations de Françoise lors des déjeuners et des dîners qui redonnent une confiance extraordinaire en soi, l'ouverture et la transparence dont elle faisait preuve au quotidien. Et puis il y a eu ces cartes postales que nous nous sommes échangées à la fin de la retraite. Des cartes avec des mots si édifiants et encourageants qu'ils n'exigent aucune autre réponse que de se dire : « Prends ton pouvoir ! »

Puis nous sommes retournées à Accra, où notre communauté Afrifem nous a chaleureusement accueillies, a partagé avec nous ses attentes et nous a demandé comment elle pouvait nous aider. 

Comme c'est merveilleux d'être soutenues, encouragées et mises au défi par des femmes, même lorsque vous les faites traverser Accra en voiture à la recherche d'un percolateur à café, comme je l'ai fait ! Ai-je mentionné les rires ? Oh, les rires ! Les rires pendant nos repas, alors que nous protestions contre le feu de camp que le centre de villégiature essayait de nous imposer et demandions à la place qu'ils ramènent le Kelewele. Rire lorsque nous avons été régalées par les citations très pertinentes de Jama Jack. Et des rires lorsque nous avons réfléchi à la question du "what about-ism" qui semble surgir chaque fois que les féministes réfléchissent ou font quoi que ce soit pour démanteler le patriarcat omniprésent qui englobe tout le monde.

Ai-je besoin d’ajouter que nous étions impatientes de rentrer chez nous et de se mettre au travail tout en ébauchant des plans pour ces retraites Eyala deviennent une tradition.