« C’est dans la lutte que nous avons construit la sororité » - Awa Fall-Diop (Sénégal) 4/4
/Nous échangeons avec Awa Fall-Diop, militante féministe sénégalaise, éducatrice et spécialiste des questions liées à la justice de genre et à la construction de mouvements sociaux.
Nous avons découvert son enfance dans un quartier populaire au Sénégal (Partie 1), son éducation et les débuts de son engagement féministe (Partie 2), et ses analyses sur l’impact de la Conférence de Beijing (1995) sur les droits des femmes africaines (Partie 3). Dans cette quatrième et dernière partie, nous explorons ses pensées sur divers sujets tels que la pluralité des féminismes africains, la sororité et l’importance des relations intergénérationnelles dans le militantisme.
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Nous parlons en tant que féministes africaines. Comment définissez-vous le féminisme africain ?
De la même manière qu’il n’y a pas un féminisme au niveau conceptuel, au niveau politique, au niveau de la réalité, il n’y a pas non plus un féminisme africain. On ne peut pas parler du féminisme africain, mais des féminismes africains, étant entendu que l’Afrique est plurielle, l’Afrique est multiple.
“On ne peut pas parler du féminisme africain, mais des féminismes africains, étant entendu que l’Afrique est plurielle. ”
C’est exact. L’Afrique est plurielle.
L’Afrique a connu différentes trajectoires historiques. Certains pays ont connu l’invasion du christianisme. D’autres pays ont connu l’invasion musulmane arabe. D’autres ont connu l’un des deux, en plus de la colonisation, soit néerlandaise, soit belge, soit allemande, soit française, soit anglaise. Cela imprime des réalités différentes à nos différents pays et cela génère des cultures différentes ainsi que des revendications variées. Même s’il y a la revendication stratégique, la revendication centrale qui est partagée, qui concerne l’égalité des droits, l’égalité des opportunités, l’égalité des chances entre toutes les catégories sociales. Je pense qu’il est intéressant de se poser la question même de la naissance de ce concept de féminisme africain : qu’est-ce qui a été à la base ?
C’est quoi selon vous ?
Les femmes africaines, tous les pays confondus, ne se sentaient pas entièrement prises en compte dans les analyses faites au niveau du mouvement féministe international, qui était essentiellement de couleur blanche, disons américano-européo-centriste, et qui donc basait ses réflexions, ses analyses sur les expériences des femmes de race blanche. Les femmes noires de façon globale, pas seulement africaines, mais les femmes noires, ont fait l'analyse comme quoi si les européennes blanches subissent une oppression de sexe et une oppression de classe, les femmes noires subissent à la fois une oppression de sexe, de classe, mais également de race. Ça a été un premier niveau.
Quel est le deuxième niveau ?
Les féministes africaines, dans un élan, dans une volonté de décolonisation, ont apporté une autre dimension pour montrer que, oui, les féministes noires existent, mais que nous, en tant que féministes africaines, nous subissons non seulement une oppression en tant que femmes, une oppression de classe, une oppression de race, mais également une oppression parce que nous sommes des femmes du Sud. Et cela a apporté une dimension supplémentaire par rapport aux paramètres d’oppression que nous expérimentons en tant que femmes africaines. Et même là, en tant que femmes africaines, il a fallu également procéder à une autre déclinaison, parce qu’il va de soi que l’expérience des femmes du Maghreb est très différente de l’expérience des femmes sud-africaines, qui ont eu à connaître l’apartheid, tout comme celle des femmes d’Afrique centrale, des femmes d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique de l’Est.
C’est en cela que vous parliez des féminismes africains.
Oui. Cela veut dire qu’au-delà du fait que nous vivons sur le même continent avec des spécificités, il y a également des réalités locales dont il nous faut tenir compte dans nos analyses, ainsi que des expériences spécifiques, dont il nous faut tenir compte. C’est la raison pour laquelle, de mon point de vue, même si on parle de féminismes africains, il faut toujours procéder à une analyse contextuelle, pour identifier les mécanismes d’oppression, les revendications en fonction des besoins des femmes et les stratégies de lutte adaptées. C’est cela ma compréhension quand on parle des féminismes africains, que je mets toujours au pluriel.
L’intersectionnalité est un concept qui nous permet de comprendre que les expériences d’oppression ne sont pas uniformes et de ne pas les analyser de manière isolée. Pensez-vous que nos luttes sont suffisamment intersectionnelles sur le continent ?
L’intersectionnalité, du point de vue de nos analyses, n’est pas encore une réalité. Je ne dis même pas du point de vue de nos actions, mais du point de vue de nos analyses. On glisse le mot intersectionnalité au détour d’une phrase, on l’évoque au détour d’une intervention pour satisfaire des bailleurs de fonds. On joue avec des concepts clés de notre lutte. On joue avec la vie d’autres personnes, dont les droits sont bafoués, à qui l’on nie toute existence et que l’on voudrait balayer de la surface de la terre. Par exemple, beaucoup d’organisations féministes cisgenres en parlent de plus en plus, l’écrivent dans leurs textes. Mais quand on organise des activités, on est toujours entre nous, féministes cisgenres. Peut-être que, de temps en temps, on va inviter une féministe lesbienne, tout en prenant soin que personne ne le sache. Parce qu’on se dit : il y a des questions de sécurité. C’est vrai que la question est très complexe, mais je pense que nous devons impulser une révolution dans nos propres modes de pensée, dans nos propres organisations, et intégrer davantage l’intersectionnalité dans nos réflexions, dans nos analyses et dans nos actions.
Je comprends pleinement que nous devons insister sur le collectif. Ces analyses doivent être collectives pour être bien menées.
Absolument.
“Nous devons impulser une révolution dans nos propres modes de pensée, dans nos propres organisations, et intégrer davantage l’intersectionnalité dans nos réflexions, nos analyses et nos actions.”
Comment avez-vous vécu la sororité au cours de votre parcours ?
C’est dans la lutte que nous avons construit la sororité. Dans le mouvement, je me rappelle – peut-être que l’agenda des femmes a beaucoup évolué depuis avec les aléas de la vie, les rythmes de la vie, les conditions de vie – mais avant, entre féministes, même des féministes qui étaient dans d’autres organisations, on savait où elles habitaient, on pouvait aller chez elles, elles pouvaient venir chez nous. On connaissait leur famille. On se prêtait des habits, des sacs à main. Ça semble peut-être anodin, mais c’est important. Cela ne veut pas dire qu’on ne se querellait pas. Ah non, on se querellait, on se battait, on se crêpait les foulards, on se crêpait les tresses. Mais ça n’empêchait pas que, quand l’une avait froid, l’autre éternuait. Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire.
J'essaie de comprendre.
Quand l’une avait froid, l’autre éternuait. Cela voulait dire que ce que l’une vivait, l’autre le ressentait. Nous avions cette assurance-là que, s’il m’arrivait quelque chose, l’autre était là avec moi. Cela signifiait que nous n’avions jamais le sentiment d’être seules. Pas seulement dans notre pays, mais même au-delà… Par exemple, je donne l’exemple d’une femme. Elle s’appelle Gisèle Yitamben. Je pense qu’elle est Camerounaise. Je l’ai rencontrée une fois. Mais jusqu’à présent, dans certains moments, j’entends encore sa voix, je sens sa présence à côté de moi, je vois encore son regard, et cela me réconforte. Et je me dis que cela fait au moins 30 ans que je ne l’ai plus vue. Je l’ai vue une fois, c’était avant 1995, donc ça fait plus de 30 ans. Mais jusqu’à présent, elle constitue un élément de réconfort pour moi.
C’est un lien fort.
Oui. Pour moi, la sororité, ça veut dire que je peux te confier ma vie et tu en prendras soin comme de la tienne. C’est ça, la sororité. Ce n’est pas seulement me faire un câlin, m’applaudir, m’envoyer un texto. Je ne sais pas si tu me comprends. C’est savoir que, quand j’ai un problème au Sénégal, je peux fuir et venir au Bénin, chez Chanceline, et j’y serai comme chez moi, parce qu’elle prendra soin de moi comme elle prend soin d’elle. Nous, nous n’avions pas honte de montrer nos faiblesses et nos insuffisances aux autres sœurs avec qui nous travaillions. Parce que nous savions que cela ne serait jamais tourné en ridicule ou utilisé contre nous, mais que nous allions recevoir le soutien dont nous avions besoin. Mais nous vivons dans une époque avec tellement d’individualisme, avec tellement d’égos… Parfois je regarde, certaines féministes, j’ai l’impression qu’elles ont la sensation que, si le ciel tombait, il suffirait qu’elles lèvent un petit doigt pour qu’il s’arrête. Le manque d’humilité est un frein à la sororité. Le manque d’empathie, ou la faiblesse de l’empathie, est un frein à la sororité.
Je ressens ce que vous dites.
Nous savions que si l’une de nous tombait, c’était une soldate de moins dans notre armée. Et que nous avions besoin que chaque personne soit valide, prête à se battre, parce que c’était l’une des nécessités de notre lutte. Je n’ai pas peur de montrer mes insuffisances au sein de notre mouvement, parce que je me dis que c’est là que je peux recevoir l’aide dont j’ai besoin. C’est celle-là qui pense à peu près comme moi. C’est celle-là qui voit la vie comme moi. C’est celle-là qui ressent les choses comme moi. Donc, c’est celle-là qui peut me donner l’aide dont j’ai besoin.
Comment construit-on des espaces militants qui placent la bienveillance et la solidarité au cœur, y compris dans la gestion des conflits et dans les mécanismes de responsabilité/redevabilité ?
Nous disons toujours qu’il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé. Cela signifie que lorsque l’une d’entre nous dit quelque chose qu’elle ne devrait pas, cela montre qu’elle a un point de faiblesse sur lequel elle a besoin d’être renforcée, d’être éclairée. Cela ne veut pas dire que si tu lui dis « tu t’es trompée », elle va automatiquement accepter. Mais cela signifie que cette personne a besoin d’un repère. Parce que lorsque nous naissons, nous naissons dans un milieu patriarcal. Nous recevons une éducation patriarcale. Même moi, à mon âge, dans ma 69ᵉ année, je sais que je traîne encore des relents de mon éducation patriarcale sur lesquels je dois continuer à travailler. L’éducation féministe, c’est tout au long de la vie. Une féministe qui juge une autre féministe « pas assez féministe », est-ce qu’elle-même est assez féministe ?
Est-ce qu’il n’y a pas des points sur lesquels elle traîne encore les réminiscences de son éducation patriarcale ? Patriarcalo-capitaliste ? Celui qui n’a pas atteint l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie. On doit l’aider à garder la tête hors de l’eau. Ça fait partie de la sororité, justement : comprendre que, même si féministes que nous sommes, tous les messages que nous recevons à travers les médias, à travers les conversations de notre famille, à travers nos États, même les messages subliminaux, sont des messages patriarcaux. Et que nous devons continuer à nous éduquer et à nous éduquer les unes les autres, constamment, tout au long de notre vie. La sororité, c’est aussi ça.
L’éducation féministe tout au long de la vie.
Oui. Des fois, ça me choque un peu, la violence dans des espaces avec les jeunes féministes. Les dénonciations entre féministes, les attaques entre féministes… Tu sais, nous, on était de partis politiques différents, mais une fois qu’on se retrouvait au sein du mouvement féministe, dans les organisations féministes, tu ne pouvais pas savoir qui était de quel parti politique. Tu ne pouvais pas percevoir les différences d’appartenance partisane. Et même quand on se reprochait des choses, on le faisait avec tact. On choisissait les mots pour dire à une sœur : Ce que tu as fait, ce n’est pas juste, ou bien : Ce que tu as fait, je ne suis pas d’accord. Et ça, pour moi, c’est aussi quelque chose d’important dans la sororité. Parce que tu ne peux pas attaquer violemment une personne et vouloir, après, avoir des relations normales avec elle. Nous sommes toutes des êtres humains. Nous avons de la sensibilité. Je pense que s’il y a un élément sur lequel le mouvement des jeunes féministes devrait travailler, ce serait comment faire pour atténuer cette violence-là au sein du mouvement. Cette violence qui fait presque insensibilité à l’autre.
En parlant de ça, quelle est votre vision du mouvement féministe africain intergénérationnel ?
L’intergénérationnalité est une exigence. Je suis d’ailleurs en train d’écrire un article sur ça avec une autre féministe. Actuellement, tous les regards sont orientés vers les jeunes féministes. Je vois beaucoup d’organisations de jeunes féministes. Mais est-ce que tu as vu une organisation de féministes aînées ?
Hahaha
Est-ce que dans le mouvement féministe, on va se comporter comme dans le mouvement capitaliste ? Dans le mouvement capitaliste, tant que tu as la force de production, tu es dans le système. Une fois que tu n’as plus la force de production, que tu ne sers plus au système, tu es éjecté. Est-ce que le mouvement féministe va fonctionner ainsi ?
J’attire l’attention sur cela, car le travail intergénérationnel, les relations intergénérationnelles, sont d’une grande importance pour moi. D’abord, j’ai besoin de me réconforter à l’idée que les choses ne vont pas finir avec moi et les féministes de ma génération. J’ai besoin d’être rassurée sur ce point-là. C’est tout à fait émotionnel, c’est tout à fait psychologique. Et je revendique cette émotion-là. Ensuite, il y a de nouveaux enjeux qui émergent. Des enjeux que nous, nous n’avons pas, mais que nous voyons avec les plus jeunes. Et des enjeux que les plus jeunes n'ont peut-être pas connus, mais qui peuvent être lus à la lumière du passé.
Comment pouvons alors construire un mouvement féministe intergénérationnel selon vous ?
On parle souvent de transmission intergénérationnelle. Moi de plus en plus je parle d’échange. Parce que ce ne sont pas seulement les aînées qui ont à apprendre aux jeunes, mais les jeunes aussi ont à apprendre aux aînés. C’est cet échange qui permet de tisser des liens. Donc intergénérationnel, inter-transmission également. Parce que si aînées qu'on soit, on n'a pas le monopole de la vérité. Parce qu'on dit que l'intelligence, le savoir, c'est une aiguille perdue. Une aînée peut la ramasser tout comme une jeune peut la ramasser. L'essentiel, c'est qu'on puisse trouver l'aiguille. Et ce n'est pas parce qu'on est plus âgée, qu'on a plus d’expérience dans le mouvement, qu'on est plus féministe que les jeunes.
“On parle souvent de transmission intergénérationnelle. Moi de plus en plus je parle d’échange. C’est cet échange qui permet de tisser des liens. Donc intergénérationnel, inter-transmission également.”
L'idée d’inter-transmission est une belle manière d’aborder l’intergénérationnalité.
Je pense que j’ai un excellent exemple ici au Sénégal. Il y a eu un atelier sur le Code de la famille. Ce sont les jeunes qui avaient pris l’initiative à la publication de la composition de l’actuel gouvernement. Elles avaient pris l’initiative de créer une plateforme, un groupe WhatsApp. On m’en a parlé. J’ai dit : « Il faut me mettre dedans. » Il y a eu d’autres féministes plus âgées que moi qui ont été ajoutées. Donc, tout le monde est dans le groupe, et chaque personne donne son opinion. Toutes les opinions sont traitées sur un même pied d’égalité. Les gens sont d’accord avec ci ? On le fait. Avec ça ? On le fait. Les gens ne sont pas d’accord avec quelque chose ? On ne le fait pas. Dans ce collectif-là, il y a trois générations. Nous participons aux réunions, mais sans pour autant dire : « Ah non, de notre expérience, c’est comme ça qu’il faut faire. » Non. Nous nous écoutons, nous donnons nos points de vue et nous prenons les décisions ensemble.
C’est un bel exemple de collaboration intergénérationnelle.
Moi, j’ai participé aux discussions, mais je n’étais pas présente à l’atelier parce que j’étais en mission. Mais j’ai reçu les photos et, sur ces photos, les gens étaient assis sans distinction de génération. C’est-à-dire qu’on n’a pas mis les aînées sur une table à part. Les participantes étaient assises en tant que participantes, un point, c’est tout. Pour moi, les relations intergénérationnelles, c’est comme une éducation par les paires. C’est-à-dire que les aînés ont énormément à apprendre, n’est-ce pas, des jeunes, tout comme les jeunes également ont beaucoup à apporter et aussi à apprendre, n’est-ce pas, des aînés. Et si on conçoit cela de cette manière-là, même indépendamment de l’âge, même entre deux aînées ou entre deux jeunes, dans le mouvement féministe, chaque féministe, quel que soit son âge, quelle que soit sa génération, a beaucoup à apporter et beaucoup à apprendre de l’autre, indépendamment de l’âge ou de la génération.
Comment vivez-vous votre militantisme féministe de nos jours ?
Ces dernières années, mon engagement a surtout été d’accompagner les organisations féministes. Quand je dis organisations féministes, ce sont des organisations cisgenres, tout comme les organisations identitaires. Je les accompagne parce que je sens que c’est de mon devoir, c’est de ma responsabilité pour que la chaîne ne soit pas rompue.
Comment ça se passe ?
D’abord, j’apprends beaucoup des jeunes féministes. Les conditions dans lesquelles j’ai milité sont totalement différentes des conditions dans lesquelles les jeunes travaillent aujourd’hui. La manière de militer est différente. Et moi aussi, j’apporte de mon expérience. J’apprends aussi beaucoup des organisations de travail de sexe, de LBTQ, etc.
De votre expérience, quelle stratégie pouvons-nous utiliser pour faire avancer la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes sur le continent ?
Apprendre aux filles et aux femmes à résister. Les hommes ne renonceront jamais à leur pouvoir. Où est ce que tu as vu une personne sur terre renoncer volontairement à son pouvoir sans oppression ? Les hommes ne renonceront jamais à leur pouvoir tant qu’ils ne trouveront pas de la résistance en face d’eux. Les He for She là, les masculinités positives… Prrr… C’est de la poudre aux yeux. Il faut apprendre aux filles et aux femmes à résister et à se battre. Se défendre, résister, combattre.
Et collectivement. Quelle est votre action féministe quotidienne ?
Mon action au quotidien, c'est d'aimer. Aimer sans condition. Aimer chaque jour. Aimer, tout simplement.
On demande souvent pour finir une conversation : quelle est votre devise féministe ?
Ah ça, j’avoue que je n’y ai jamais pensé. Mais je sais que ce qui résume mon attitude, ma pensée, ma façon de faire, ma façon de vivre…C’est trois mots : Résister, Combattre et Gagner. C’est tout. Et cela, c’est aussi AIMER.
Merci à vous. Ce fut un plaisir d’avoir cette conversation avec vous.