« Il faut multiplier les espaces de rencontres féministes où nous pouvons parler de nos réalités. Cela ne peut que renforcer nos liens. » - Marie-Bénédicte Kouadio (Côte d’Ivoire) 2/2
/Notre conversation avec Riane-Paule Katoua, Marie-Bénédicte Kouadio et Mariam Kabore se poursuit.
Dans la première partie, nous avons parlé de leurs questionnements, des réalités qui ont suscité ces questionnements chez elles et de la manière dont elles vivent leurs convictions féministes. Dans cette deuxième partie, elles abordent leurs rapports à la lecture, l’éducation féministe, l’importance de documenter les histoires des femmes africaines et leurs rêves en tant que féministes.
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Comment est-ce que vous gérez le fait que les gens soient toujours là à essayer d'attaquer les féministes, à ramener les questions reloues ?
Marie-Bénédicte : Au début, c'était difficile parce que moi, j'aime bien répondre à tout. Quand je me sens attaquée, immédiatement, je viens répondre. Donc, j'avais tendance à tout le temps être sur la défensive. Quand quelqu'un m'attaque, je réponds. Plus tu participes au combat, plus tu vois qu'il y a plus important en fait. C'est vrai que nous sommes toutes des humaines et souvent, il y a des mots qui sont très forts. Il y a des choses qui sont dites qui te font vraiment mal et tu te poses des questions, est-ce que je dois répondre, est-ce que je ne dois pas répondre.
Maintenant, je pense qu’il faut apprendre à ne plus répondre à tout. Au pire, tu viens, tu ironises dessus et puis tu passes. Quoi que tu diras, ils continueront de t'attaquer, de te rabaisser. Donc, mieux, tu passes et tu te concentres sur les combats qui sont importants, qui vont faire avancer la lutte, qui vont faire avancer les droits des femmes. Les conseils des devancières me permettent aussi de prendre un peu de recul. C'est vrai que parfois, c'est vraiment énervant et je viens quand même parler, mais j'essaie au maximum ces temps-ci d'être en retrait des débats qui n’avancent en rien le combat.
Ce n'est pas toujours facile, mais nous allons y arriver. Pour en revenir aux livres, y a-t-il des livres féministes que tu as lus et qui t'ont marquée ?
Marie-Bénédicte : Oui, il y a beaucoup, beaucoup de livres qui m'ont marquée. Il y a par exemple, c'est un livre français, ça s'appelle « Féminisme et pop culture », de Jennifer Padjemi. C'est un livre sur lequel je suis tombée totalement par hasard, mais qui m'a vraiment marquée, en ce sens qu'il aborde les questions féministes, donc les grands points des luttes féministes, mais elle le fait, c'est une autrice, avec des exemples de la vie courante. Elle a décidé de choisir la pop culture, le cinéma, la musique, les séries, et elle se sert de ces exemples-là pour montrer l'avancée des luttes féministes. Par exemple, dans le livre, elle nous parle de la représentation de la femme noire dans les séries. Donc avant, tu étais dans un schéma où il n'y avait pas du tout de femmes noires dans les séries, ou bien si elles étaient là, elles avaient le rôle de nounours, de ménagères, elles étaient invisibilisées.
C’est intéressant.
Marie-Bénédicte : C'est l'un des premiers que je recommande. Il se lit facilement, malgré qu’il soit assez volumineux. Il y a un autre livre, là, je l'ai lu, il n'y a pas longtemps. C'est une sorte d'autobiographie d'une féministe ivoirienne, elle s'appelle Madame Georgette Zamblé. Elle a fait un peu une autobiographie de sa vie et qui, en même temps, aborde les questions féministes, comment elle s'est découverte féministe, comment elle a réussi, en fait, à changer les choses dans sa communauté, comment elle a mené certains combats et tout, et j'ai trouvé très intéressant de lire ça, parce que ça te conforte, en tant que jeune femme, en tant que jeune féministe, ça te conforte dans le fait que tu n'es pas folle, en fait. S'il y a des dames d'une cinquantaine d'années qui te parlent des choses que toi, tu vis actuellement, des combats que tu mènes actuellement, c'est clair que tu n'es pas folle. Tu n'es pas venue créer, comme les gens disent. Tu n'as pas importé ça de l'Occident, comme ils disent sur Facebook.
Dirais-tu que les livres que tu lis ont participé à ton éducation féministe ?
Marie-Bénédicte : Oui. De base, les livres, quel que soit le genre de littérature qu'on lit, ça a forcément une influence sur notre culture, sur notre personne. Donc lire des livres qui sont en rapport avec le féminisme, c'est clair que ça te forme, ça te permet d'approfondir certaines notions, de découvrir même l'histoire du féminisme. En tout cas, ça te permet de te rendre compte que ce sont des combats qui sont justes, ce sont des combats qui ont lieu d'être et que tu fais bien d'apporter ta part à l'édifice. C'est toujours bien d'avoir plus de culture, plus d'arguments parce que forcément, c'est clair que tu ne voudras pas rentrer dans tous les débats, mais arriver à un moment, tu sais comment monter au créneau pour défendre certains de tes points de vue. Et c'est toujours bien d'avoir des exemples sur lesquels s'appuyer pour étayer tes propos en fait.
Mariam, est-ce que toi, tu as eu accès aux livres, aux contenus féministes pour t’éduquer ?
Mariam : Internet. On dit merci Internet. En fait, de base, je suis quelqu'un, j'aime beaucoup chercher et j’ai trouvé certains livres. Je pense que le premier livre que j'ai lu, c’est un livre de Simone de Beauvoir. Il y a des livres que je ne pouvais pas avoir parce que même quand tu vas à la bibliothèque, impossible, tu ne vas pas trouver. Il y a aussi une autrice nigériane, je crois. Sinon, la majorité de ce que j’ai lu pour en apprendre plus, c'était soit des articles, soit des thèses.
À ton avis, comment est-ce qu’on peut vulgariser plus de contenus féministes pour permettre à plus de filles, de jeunes femmes de s’éduquer ?
Mariam : Pour moi, ce qui serait génial, c’est déjà d'avoir des livres qui parlent de féminisme dans les bibliothèques. La plupart des collèges, des lycées et des universités ont des bibliothèques. Et dans leur registre, tu ne vas jamais, au grand jamais, trouver un livre féministe. Si tu as trouvé un livre féministe là-bas, c'est que ça s’est faufilé. Tu peux tomber dessus. Mais voir une rangée féminisme, tu ne vas jamais trouver. Donc, s'il y avait cet effort-là qui était déjà fait au niveau des bibliothèques, on avancerait. Parce que moi, je sais que quand j'étais au collège, au lycée, je passais beaucoup de temps là-bas et je lisais tout et n'importe quoi. Donc, je trouve que ça aurait beaucoup instruit. Et ça allait commencer depuis le bas âge. Maintenant, il faut aussi avoir plus de librairies et des bibliothèques spécialisées, comme 1949. Il nous faut beaucoup plus de librairies féministes parce qu'il faut accentuer les messages féministes.
Je vois que des associations féministes ont de plus en plus des bibliothèques féministes dans leurs sièges.
Mariam : Oui. Il faut des clubs de lecture, par exemple. On se rejoint une fois par mois et on discute du livre. Et puis un truc que, personnellement, je pense qu'on peut faire, c'est de partager les messages féministes tout le temps, comme les évangélistes.
Un peu comme les témoins de Jéhovah.
Mariam : Franchement, moi, si j’ai la détermination des témoins de Jéhovah, j'accomplis tout dans ma vie. Avec cette détermination-là, tout est possible. J’imagine le contexte si des féministes font ça. On frappe à la porte et ils nous ouvrent. Et puis on dit : vous connaissez le féminisme ? Non ! Laissez-moi vous expliquer. (Éclats de rire)
Hahaha!
Mariam : Laissez-moi vous expliquer. Vous savez, on vit dans une société patriarcale, vous savez ça ?
Il y a une autrice afro-américaine, bell hooks, qui évoquait une idée comme ça. Elle dit : « Imaginez un mouvement féministe de masse où des gens feraient du porte à porte pour distribuer des textes, en prenant le temps (comme le font les groupes religieux) d'expliquer aux gens ce qu'est le féminisme... »
Mariam : Elle n’a pas tort. Parce que quand tu es endoctriné, c'est difficile de changer si tu ne reçois pas les infos.
Riane, comment est-ce que tu t'es retrouvée à la bibliothèque 1949 ?
Riane-Paule : Alors, j'avais fini mes études, tu vois. Et je me baladais sur Facebook et je suivais Edwige DRO, qui est la directrice de la bibliothèque 1949. Je faisais des recherches, parce que je voulais l'interviewer pour un projet personnel. Et donc, je suis allée suivre sa page Facebook et elle a lancé l'appel pour le stage. J'ai dit, pourquoi pas ? J'étais consciente que je ne connaissais pas assez d'écrivaines africaines, noires aussi. Donc, je me suis dit, ok, pourquoi pas ? Ça me permet de comprendre, d'apprendre, de découvrir. Et puis, d'apprendre, d'acquérir des connaissances. J’ai été acceptée et j'ai commencé à travailler là-bas.
Depuis que tu es à la Bibliothèque 1949, qu’est-ce qui te passionne dans le fait de travailler là ?
Riane-Paule : Il y a plusieurs choses qui me passionnent. La première, c'est déjà d'apprendre, de découvrir. Parce qu'à chaque fois, je découvre des écrits d’écrivaines noires. En tout cas, des femmes qui me ressemblent. Des écrivaines noires, des histoires. À travers leurs histoires, à travers leurs œuvres, je découvre d'autres réalités de femmes noires, en fait, partout dans le monde. D'autres théories, d'autres autrices, d'autres autrices d'autres siècles. Il y a ensuite le fait de travailler aussi avec la fondatrice. Je ne parle pas beaucoup d'elle, mais sa connaissance, en fait, par rapport à l'histoire, tu vois. Donc, j'apprends encore avec elle. Et puis enfin, le fait de pouvoir partager, en fait, ce que j'apprends, ce que je découvre, avec les personnes qui viennent lire. C'est-à-dire les jeunes, les enfants, ils ont l'habitude de venir lire ici.
Et quels sont les livres qui t'ont marquée à la Bibliothèque ?
Riane-Paule : Alors, déjà le premier, c’est « Les traditions-prétextes : le statut de la femme à l'épreuve du culturel » de Constance Yaï. Je ne savais pas qu'il y avait des livres théoriques manifestes comme ça. Je ne pensais pas qu'il y avait des femmes ivoiriennes qui pensaient comme ça et qui pouvaient même l'écrire. Il y a ça et le livre de Maryse Condé, « Tituba », j'adore. Au fur et à mesure, je pense qu'il y aura plusieurs autres livres qui vont me marquer à travers mes lectures.
Les livres ont-ils influencé la manière dont tu le vis le féminisme ?
Riane-Paule : Prendre conscience, c’est aussi la connaissance. Je pense qu'au fur et à mesure que je lis des livres, j'ai pris confiance en moi. J’ai pris confiance maintenant parce que je connais, j'apprends. Donc, je sais mieux défendre mon féminisme. Donc, je ne sais pas ce qu'on peut me dire là qui va essayer de me décourager, me faire croire que ce que je fais, c'est mal. Donc, ça me donne plus confiance. J'ai pris conscience aussi de tout ce que les femmes vivent aussi, tu vois partout. Donc, j’ai pris confiance et puis l’assurance. C'est ce que ça m’apporte.
C’est vrai oui. Quand tu sais, tu as plus confiance.
Riane-Paule : C’est pour ça qu’on doit apprendre. Parce que quand on apprend, on peut se défendre et on peut essayer de partager et attirer d'autres personnes qui sont dans le doute. C'est-à-dire, même les féministes, les féministes doivent continuer à apprendre. C'est bien aussi de faire du militantisme, mais c'est aussi bon d'acquérir la connaissance. On écrit peu aussi. Il faut écrire beaucoup. Des livres, des articles. Écrire notre histoire, écrire comment on pense, la vie ou la société qu'on aimerait. Lire, écrire et puis partager. Partager toujours. Même dans les petits coins. C'est comme ça que je vois les choses.
Ça rejoint un peu le fait de partager le féminisme dont parlait Mariam.
Riane-Paule : Ouais, exactement. Je vais donner un exemple des histoires. C'est-à-dire que si chaque femme écrivait son histoire, il y aurait moins de gens qui parlent à notre place. J'ai l'impression que les hommes parlent trop à notre place, en fait. Voilà comment on était. On voit les gars sur Facebook qui disaient : « Ah, nos mamans d'avant. Nos mamans d'avant étaient comme ça. » Ce qui est drôle, c’est que c'est faux. Si les mamans d'avant pouvaient écrire ce qu'elles vivent, ne serait-ce que dans un foyer, relater tout ce qu'elles vivaient, leurs ressentis, je ne pense pas qu'on entendrait toutes ces bêtises-là, en fait.
Tu soulignes un bon point.
Riane-Paule : C’est très bien. Il y a mon cousin qui est venu récemment à la bibliothèque. Et lui, la première question qu'il m'a posée, c'est : est-ce qu'il y a des livres qui expliquent le féminisme en Côte d’Ivoire ? Il est trop dans ses privilèges, tu vois. Parce que pour lui, il se dit intérieurement que c'est un truc occidental, tu vois. Donc, il cherchait un livre qui relate l'histoire du féminisme ivoirien. Je lui ai dit : « Frère, lis. » Je lui ai proposé des livres. Quand les filles viennent, des collégiennes, lorsqu'elles viennent à la bibliothèque, je leur donne un livre de Mariama Bâ, en premier.
Tu fais bien.
Riane-Paule : C’est ça. On doit lire ce qui se passe ici. Je ne vais pas commencer avec les théories féministes d’ailleurs. Je dis : lisez Mâriama Bâ. Vous allez savoir. Puis, au-delà des livres, les contenus féministes doivent être divers, c'est-à-dire, soit des livres, soit des podcasts, des articles.
Marie-Bénédicte : Par exemple, il y a ORAF, Organisation pour la réflexion et l'action féministe, qui a une bibliothèque et elle a de très bons livres également. Ce sont des espaces où l'abonnement n'est pas forcément cher. Tu peux passer une partie de ton samedi là-bas, tu lis un peu, tu découvres. C'est toujours très intéressant de participer, de fréquenter ce genre d'endroits-là.
Très intéressant. Selon vous, comment peut-on faire en sorte qu'aujourd'hui, les adolescentes puissent commencer à avoir accès à une éducation sur le féminisme ?
Marie-Bénédicte : Les adolescentes ne sont pas forcément sur Internet, beaucoup n'ont pas encore de téléphone portable. Elles sont dans les écoles, elles sont à la maison, donc c'est de vraiment créer des petits espaces, aller leur parler, pas forcément même de féminisme, mais leur parler déjà de leurs droits en tant que jeune fille, leur parler de consentement, leur parler des règles, essayer de déconstruire en elles les tabous. C'est déjà un premier pas.
Aussi, il y a la lecture. On en a discuté. Beaucoup d'entre nous ont été éduquées sur ces questions, aussi via la lecture. Il y a de plus en plus de livres qui sont adressés justement à cette tranche d'âge, aux adolescentes, qui leur permettent d'avoir déjà les premiers outils de ce qu'est le féminisme. Je pense, par exemple, à « Nous sommes tous des féministes » qui a été fait en bande dessinée. Donc, c'est beaucoup plus facile pour elles de lire la bande dessinée, de comprendre. Il y a aussi « Chère Ijeawele, le manifeste pour une éducation féministe ». Ce sont des petits livres comme ça, qui ne sont pas difficiles à lire, qui ne sont pas très longs, et qui leur permettront d'avoir déjà les bases de ce qu'est le féminisme. Plus elles grandiront, plus ces notions prendront place en elles.
En effet. Comment est-ce que tu définirais le féminisme avec tes propres mots ?
Marie-Bénédicte : Selon moi, le féminisme, c'est la lutte pour la consolidation des droits des femmes et aussi une lutte pour accueillir de nouveaux droits parce que l'acquisition des droits n'est pas terminée. Il y a beaucoup de choses qu'on nous refuse encore en tant que femmes. Être féministe, c’est faire en sorte que les droits des femmes aujourd'hui ne soient pas bafoués, que nous ne rétrogradions pas, et aussi se battre pour accueillir de nouveaux droits.
Quels sont tes rêves à toi en tant que féministe ?
Marie-Bénédicte : Mon plus grand rêve, c'est que le féminisme en Afrique de l'Ouest arrive à un moment où les femmes ne seront plus vues uniquement à travers le prisme du mariage et du foyer. Qu'on les voit vraiment en tant qu'êtres humains, et qu'à partir de là, on leur reconnaisse tous les droits qui doivent être reconnus. Je veux que le poids de la tradition africaine sur la condition des femmes soit levé. Et mon second rêve, c'est que les liens de sororité que les féministes ivoiriennes et africaines de l'Afrique de l'Ouest ont tissés ne se dégradent pas, pour quelque raison que ce soit, et que nous continuions de rendre ces liens vraiment très forts, parce que c'est ensemble que nous pourrons arriver à l'idéal que nous souhaitons.
Tu parles de sororité. Comment est-ce qu'on peut consolider cette sororité-là, à ton avis ?
Marie-Bénédicte : Je pense que déjà, on a un peu compris et on avance. Par exemple, nous avons eu ici notre petit cercle de parole à la bibliothèque 1949. Donc, on n'a pas besoin d'être 100 ou 1000 pour créer des liens. À chaque fois que nous avons l'occasion de nous retrouver entre nous, n'hésitons pas à venir, que ce soit pour un club de lecture, un cercle de parole, ou une activité organisée par une autre organisation. Il faut toujours être là où tes sœurs sont pour leur apporter ton soutien, leur dire que tu sais les efforts qu’elles fournissent pour la cause. Et toi, je suis là pour les soutenir au cas où elles seraient fatiguées, ou auraient besoin de toi. Donc, je pense qu'il faut multiplier les espaces de rencontres féministes, vraiment faire plus d’espaces non mixtes, où nous pouvons parler de nos problèmes et de nos réalités. Cela ne peut que renforcer nos liens.
Être sorore implique de se connecter.
Marie-Bénédicte : C'est ça.
Riane, pour toi, c’est quoi la sororité ?
Riane-Paule : Alors, la sororité, c'est un terme un peu compliqué pour moi, tu vois. Je ne sais pas comment le dire, mais c’est « être ensemble ». Je pense que, déjà, les femmes n'ont pas toutes les mêmes vécus, même dans le contexte féministe, on n'a pas toutes le même vécu. Donc, être consciente qu'on est différentes et essayer de comprendre les autres. Essayer de comprendre les autres tout en restant unies sur le même objectif. Tu vois, le but final, c’est la libération des femmes. En tout cas, c'est comme ça que moi, je conçois la sororité.
Comment est-ce que tu définirais le féminisme ?
Riane-Paule : Simple, la liberté de choix des femmes. C'est toujours comme ça que j'ai défini le féminisme, en tout cas, c'est comme ça que je le définis personnellement. La liberté de choix, la liberté de laisser les femmes choisir ce qu'elles veulent, comment elles veulent vivre leur vie. Comment elles veulent, sans les obliger à suivre des diktats ou des règles sociétales. La liberté de choix des femmes.
Est-ce que tu as un rêve qui te tient à cœur en tant que féministe ?
Riane-Paule : Oui, j'ai un rêve qui me tient à cœur. Je compte faire un podcast sur la représentation des femmes. Ce qui m'a toujours intéressée, c'est la représentation des femmes. Donc, mon combat féministe est plus axé sur la représentativité. J'aimerais avoir plus de femmes dans différentes sphères, qui nous inspirent en tant que jeunes filles, même celles plus jeunes que moi, dans différentes sphères. Des femmes libres, en fait. Le mot même, des femmes libres. Plus de femmes libres. Plus de femmes avec des objectifs clairs. Plus de femmes qui ne suivent pas les diktats de la société. Voilà, c'est ça, mon rêve.
C’est un peu ce que tu as commencé à faire avec le podcast « Meet'Her Podcast ».
Riane-Paule : Oui. C'est le début donc j'y vais tout doucement.
C’est génial. Bravo! Et toi Mariam ?
Mariam : L’une des choses que j’aime dans le cinéma, c’est qu' à travers ça, on peut s'exprimer. Et quand on peut s'exprimer, on peut tout dire. J'y tiens fortement pour mes œuvres futures. Je vais créer de la représentation pour les jeunes filles. Parce qu'il n'y a pas vraiment de représentation ici. Il y a peu de représentations, même dans les dessins animés. Moi, j'aurais bien aimé voir une femme dans un dessin animé que je regardais avant, qui ne veut pas avoir d’enfant. Une représentation d’une femme qui dit : « Ok, moi, je ne veux pas avoir d’enfant. Je fais ce que je veux. » Mais il n'y a pas ça. Peut-être dans les films étrangers.
Le film que j'ai fait cette année parle un peu de ça. Le titre du film c’est « Mémoires d’une mère ». Je ne l’ai pas encore mis en ligne. On vit dans une société où on met la pression sur les femmes pour qu'elles aient des enfants. Que ce soit les gens de l'extérieur, que tu ne connais même pas, ou la famille. Et ça crée une dépression nerveuse et pousse certaines femmes à faire des choses qui mettent leur vie en péril.
Tu as déjà bien commencé à t'exprimer à travers tes réalisations. J'ai vu ton short film « Encore un autre jour » en ligne. Bon travail!
Il y a une question que nous posons souvent dans les conversations : quelle est votre devise féministe ? Y a-t-il une pensée, une phrase, ou quelque chose qui vous anime particulièrement ou qui vous tient à cœur en tant que féministe ?
Mariam : Je ne sais pas. Mais moi, personnellement, dans la vie de tous les jours en général, j’aime aller au feeling. Donc, quand je peux me battre, je me bats. Si je peux changer quelque chose, je fais mon maximum pour…
Marie-Bénédicte : Bon, ma devise féministe, je ne dirais pas que j'ai une devise en tant que telle, mais j'ai une phrase qui résume tout ce que je pense en tant que féministe de ce qui nous entoure. J'ai l'habitude de dire, par exemple, que le patriarcat vous ment. Ça, c'est ma phrase. Il y a beaucoup, beaucoup d'inégalités aujourd'hui dans les rapports hommes-femmes, parce que le patriarcat nous ment et continue de mentir. Et tant qu'on ne sera pas sorti des mensonges du patriarcat, beaucoup de personnes ne pourront pas encore comprendre la teneur des combats féministes. Ce serait plus que ça, mais ma phrase en tant que féministe, que je n'arrêterai pas de brandir à bras-le-corps, c'est que le patriarcat nous ment.
Riane-Paule : Pour moi, c’est apprendre, lire, partager.
Merci Mariam, Riane et Marie-Bénédicte. Ce fut un plaisir d’échanger avec vous.