« Je sais qu’avec mes dix doigts et ma tête, je peux subvenir à mes propres besoins » - Salamatou Traoré (Niger) - 2/4

Nous sommes en conversation avec Mme Salamatou Traoré du Niger. Dans la première partie de notre conversation, nous avons parlé de ce qui a inspiré son choix de construire une carrière dans la santé. Dans cette seconde partie, nous continuons notre discussion avec un focus sur sa carrière dans la santé publique.

Vous m’avez expliqué comment vous avez décidé de commencer une carrière dans la santé publique. Parlez-moi de quelques moments importants de cette carrière.

En 1983, je travaillais dans une maternité publique de référence, d’abord en tant que surveillante. Il n'y avait pas assez d'espace pour toutes les patientes atteintes de fistule: seulement neuf lits alors que le nombre de cas dépassait largement 20 femmes. On allouait les lits pour les cas graves ou urgents, mais toutes les autres étaient obligées d'être dehors, sous les hangars. 

Quand j'ai été promue directrice d'une autre maternité du quartier Lamor Dieng, j'avais 32 lits presque vides, car ils étaient pour les accouchements et il y avait rarement plus d’un accouchement par jour. J’ai donc pris le soin de demander à mon patron qui était également mon professeur, un Français qui s'appelait Docteur Bianchi, si je pouvais faire venir les femmes de l’autre maternité. De 1983 à 1988, elles sont restées avec moi à Lamor Dieng. Là on s'occupait entièrement d'elles. Elles avaient la gratuité de l'alimentation et des produits d'entretien comme le savon, grâce aux dotations de la maternite et les dons qu’on recevait parfois. On corrigeait les infections, et on les préparait à l'opération, et avant leur retour, on leur faisait passer des examens physiques afin d’éviter qu’elles rentrent avec des infections sans même savoir.

C'était vraiment bien et c'est une école que j'ai faite avec ces patientes. Pendant leur séjour, on leur apprenait les règles d'hygiène, les causes et conséquences de ce qu'elles avaient vécu, et comment se préserver après leur retour à la maison. On a fait aussi leur bilan pré-opératoire.

C’est fantastique. 

Mais ça n'a pas duré. Lorsque j'ai été nommée Directrice à la maternité de référence cinq ans plus tard, elles ont été virées de cette maternité à Lamor Dieng et ont dû revenir à la Centrale, sous les hangars. 

Ça reste une grande réussite, malgré les difficultés ! Vous pouvez me parler d’une des décisions les plus difficiles que vous avez pu prendre dans votre carrière dans la santé publique ? 

En 1991, alors que je travaillais comme directrice à la maternité Issaka Gazobi, qu’on appelle aussi la Centrale, j'ai pris la décision de quitter l’administration. J'ai été déçue par mon personnel qui n'aimait pas travailler. Dans mon poste précédent à la maternité de Lamor Dieng, j’avais réussi à convaincre le personnel de l’importance de la salubrité. Dès que j’arrivais, je commençais par vérifier la propreté des toilettes, avant même d’aller dans mon bureau. L'hôpital était aussi propre qu’une clinique privée. 

Quand je suis arrivé à la Centrale, j'ai essayé au maximum d'entraîner le personnel du service public mais je n’y suis pas arrivée. Le vendredi, quand il fallait laver la maternité à grande eau, tout le monde fuyait en donnant des excuses : « Mon mari est malade »; « Je dois amener mon enfant en consultation »… Je me souviens d’un vendredi ou il n’y avait presque personne pour faire le ménage, alors j’ai sorti mon savon (que j’achetais parfois de ma poche) et j’ai fait le ménage moi-même avec trois agents. On a tout désinfecté. 

Je suis rentrée dans le bureau, avec mes vêtements tout mouillés. Je me suis assise et j'ai attrapé ma tête. Je me suis dit : « Au fait, ce que je suis en train de faire dans ce service, ce n'est pas le travail d’une sage-femme, ce n’est pas le travail de ma valeur. Je peux faire plus que  la méchante avec ces gens. » Alors, j'ai pris une feuille. J'ai fait une demande de départ volontaire et je suis allée trouver mon professeur, je lui ai dit : « Docteur Bianchi, je vais partir de la Centrale ». Il m’a écoutée et puis il a éclaté de rire. Il m’a dit : « Moi, je savais que tu perdais ton temps ». C’était un encouragement. 

Aviez-vous du tout les doutes sur votre décision ?

Quand vous êtes en train de chercher une solution, vous ne savez pas ce qui est juste ou ce qui ne l'est pas. A partir du moment où vous trouvez une solution, juste ou pas, vous vous sentez à l'aise. 

Les gens étaient choqués, que ce soit mes collègues ou le staff du Ministère, après réception de ma lettre. « Une directrice qui démissionne ? Comment ça? Pourquoi tu pars ? » Je leur ai dit: « Je n'ai rien de plus que tout le monde, je sais que je rends service à mon État mais chaque chose a ses limites ». La situation m’a dégoûtée parce que je devenais méchante avec tout le monde. Alors j’ai arrêté et je suis partie.

Vous n’aviez pas de craintes pour l’avenir?

J’ai dit : « Je vais créer une clinique privée et voir ce que je peux faire ». Si ça ne marchait pas, en tant que suis sage-femme, je pouvais encore travailler dans d’autres cliniques, c’est quelque chose que je faisais déjà de tenps en temps pour les appuyer pour les accouchements et tout ça. Je sais qu’avec mes dix doigts et ma tête, je peux subvenir à mes propres besoins. J'étais en paix. Je sais que j'ai déçu certains qui croyaient que je tenais à cette maternité en tant que maternité de référence. Mais ils se rendent compte que je suis venue et j'ai fait plus que ça. 

Est-ce qu’il y avait un moment où vous avez senti que d’autres personnes ont vraiment reconnu vos contributions ?

Avant dedémissionner, j’ai rencontré Mme Aïssata Moumouni, la première femme membre du gouvernement nigérien. Nous étions à la conférence sur la maternité sans risque qui se tenait au Niger et à cette époque elle était Secrétaire d’Etat à la santé publique et aux affaires sociales, chargée de la condition féminine. Elle savait qui j'étais grâce aux changements que j’avais fait à la maternité, par exemple pour réduire les risques d’accidents causés par la présence de vendeurs ambulants devant le portail. Elle savait qui j’étais aussi grâce  un article que j’avais écrit sur la santé de la femme dans le journal Femme Action et développement.

Elle a trouvé que j’étais une femme très dynamique, et a décidé de m’envoyer à une conférence régionale sur les mutilations génitales féminines, qui se déroulait au Mali en 1988. A l’époque, tous les pays de la region avaient mis en place un Comité sur les mutilations génitales féminines sauf le Niger. Elle a pensé que j’étais capable de le faire. 

C’est comme ça que le CONIPRAT [Comité Nigérien sur les Pratiques Traditionnelles ayant effet sur la Santé des Femmes et des Enfants] a été créé en 1989. Après la conférence au Mali, j’ai collecté beaucoup d'informations de gauche à droite. J'ai fait le montage et ça a marché. J’étais la Secrétaire Générale et une autre de mes anciennes monitrices était la Présidente. J’y ai travaillé jusqu'en 1996. 

En 1998, j'ai créé une clinique privée et personnelle, Dimol, et c’est parti.

Mme Traoré a fondé le centre DIMOL pour soutenir les femmes souffrant de la fistule obstétricale. Nous parlerons plus du centre dans la troisième partie de notre conversation.

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« Mon père m’a éduquée comme un garçon » - Salamatou Traoré (Niger) - 1/4

Au cours d’un voyage à Niamey en Août 2019, Françoise a pu rendre visite à Madame Salamatou Traoré et son ONG, Dimol. Dans cette conversation, Mme Traoré parle de sa vie et de sa carrière en santé publique (Partie 2), sa mission d’aider les femmes souffrant de la fistule obstétricale à transformer leurs communautés (Partie 3) et ses opinions sur le féminisme (Partie 4).

Bonjour Mme Traoré, et merci de vous prêter au jeu de l’interview Eyala. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Mme Salamatou Traoré. Je suis infirmière et sage-femme de formation. Je suis Nigérienne et très à cheval sur la défense des droits des femmes : voilà ce qui me caractérise. Je n’aime pas qu’on sous-estime une femme ou qu’on viole ses droits. Je souhaite vraiment le bien-être des femmes. 

Pourquoi avez-vous voulu devenir infirmière et sage-femme ? Quand est-ce que la santé a commencé à ’être une chose importante dans votre vie ? 

J'étais quelqu'un qui connaissait tous les problèmes de santé assez tôt. Mon papa était militaire et après il a été infirmier dans la vie civile. Il était dans toutes les régions. Il a servi au Niger et au Burkina. Je le voyais souvent aller en brousse, sur son cheval pour faire l'évacuation sanitaire avec son fusil sur l'épaule. S’il revenait avec du gibier, je savais que sa mission était une réussite, car il avait eu le temps de faire la chasse au retour. Si sa gibecière était vide, je comprenais que le malade était mort. 

Lorsque je lui ai fait cette remarque, il a constaté que j'étais très habile, et que je le connaissais parfaitement. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Mon père m’a éduquée comme un garçon. C’est moi qui l’aidais pour faire les travaux dans la cour ou pour faire la salubrité du quartier. Je poussais ma brouette et mes balais: je balayais et il ramassait. Je montais sur le toit pour faire des réparations. J'étais comme un petit garçon à côté de lui alors que les garçons de la maison étaient en train de dormir. Je portais ma culotte. J'étais vraiment libre, pas comme toutes les filles. C’est bien après que j’ai compris à quel point mon père était différent dans son rapport aux enfants. Mon père a protégé toute les filles de la famille de l’excision. Dans ma famille, toutes les filles ont réussi. 

Donc votre choix de devenir infirmière, c'était pour rendre hommage à votre père?

Oui. Au moment où j'avais découvert que j'étais admise au concours des infirmiers, il m'a dit : « Salamata, je veux te dire quelque chose. Si réellement c'est l’argent que tu cherches ne va pas à la santé, tu ne trouveras pas l’argent à la santé. Mais si tu veux la reconnaissance et les bénédictions des patients, là tu peux aller à la santé. » Je lui ai dit : « Je veux être comme toi, Papa. »

Mais il y a aussi une autre chose qui m’a convaincue de travailler dans la santé. Un jour, quand j'avais 13 ans, je suis allée à l'Hôpital National pour apporter quelque chose à manger à ma grande sœur qui était de garde au service maternité. Quand je suis arrivée, j’ai vu une fille dans le couloir qui marchait difficilement. Elle avait un tuyau à la main, et elle marchait en s’appuyant sur un bâton et sa maman était là pour l’aider. J’ai remarqué  qu’elle n'avançait pas vite, et qu’il y avait de l'eau qui suintait à son passage. Elle pleurait et tremblait, je sentais qu’elle avait très mal. Quand ma grande sœur est arrivée, et je lui ai demandé ce qu’elle avait, cette petite-là. Elle m’a expliqué: « Ce n'est pas une petite, mais une nouvelle mère. Elle vient d’accoucher mais maintenant elle a la fistule, donc elle n’arrive plus à retenir ses urines. En plus, son bébé est mort. » 

Ça m'a choquée de voir une petite fille toute maigre et plus jeune que moi, qui déjà mariée et avait accouché d'un enfant mort, et maintenant était malade. Moi, la fille de fonctionnaire, j’étais très forte et bien nourrie, mais elle, qui venait de la brousse, elle souffrait et ne pouvait pas retenir ses urines. Je me suis dit là, il y a un problème.

Alors, ça m'a guidée. Arrivée à la maison, j’en ai parlé à mon papa et je lui ai posé beaucoup de questions. J’ai appris que quand l'accouchement est difficile, l'enfant meurt et la femme meurt. Il m’a dit : « cette petite fille, c'est une rescapée de la mort ». J'ai gardé ça en tête, et j’ai dit, moi je vais faire la santé. Au total, j’ai travaillé dans le secteur de la santé pendant 25 ans: huit ans en tant qu’infirmière et sage-femme le reste du temps.

Dans la seconde partie, nous parlerons de la carrière de Mme Traoré dans la santé publique. Cliquez ici pour lire la conversation.

Lisez plus sur la fistule obstétricale ici: Fistule obstétricale | Fonds des Nations Unies pour la population (unfpa.org)

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« Je m'assure que ma Négritude apparaît dans toute sa force. » - Dr Tlaleng Mokofeng (Afrique du Sud) - 2/4

Deuxième partie de mon entretien avec Dr. Tlaleng Mofokeng, médecin et activiste de santé reproductive aussi connue sous le nom de Dr. T. Après m’avoir expliqué pourquoi elle a fait le choix de devenir activiste (voir partie 1), elle me parle maintenant de comment elle s’y prend: en se présentant totalement et sans complexe comme elle est: une femme africaine noire. Fabuleux!

Parlons de ta voix. Tu n’es pas la seule à partager des messages sur la santé et les droits sexuels mais il y a quelque chose de distinctif sur comment tu approches cette démarche. Je pense que cela est dû à ta perspective en tant qu' activiste africaine noire. Par exemple, j'ai déjà lu des guides de santé sexuelle pour les femmes, mais je savais que ton livre serait différent à la couverture déjà. Quand j’ai vu comment tu t’es positionnée de façon centrale, avec ta peau noire, ton afro et ton rouge à lèvres rouge, je me suis, elle va au-delà du simple partage d’informations - elle répand son identité sur toutes les pages. J'espère que je n'interprète pas trop?

Je suis ravie que tu l'as remarqué ! Tu sais, j'ai grandi en étant consciente du fait que ce corps est politique - ce depuis le plus jeune âge, malheureusement. Même si je choisis de ne rien faire et de ne pas être une activiste, au bout du compte, être Noire et être femme est politique. Notamment parce que les gens projettent leurs intérêts sur moi. À l'heure actuelle, certaines personnes, jusqu'au Sénat des États-Unis, pensent pouvoir me dire que même si j'ai une grossesse indétectable ici à Johannesburg, je dois mourir d'un avortement non médicalisé simplement parce qu'ils ont donné de l'argent à mon gouvernement pour lutter contre le VIH.

Mon livre, et mon travail en général, sont enracinés dans ma Négritude et ma féminité, car c'est ce que je suis. Je connais beaucoup de personnes sur Twitter qui racontent qu'elles ont dû déconstruire leur passé pour parvenir au féminisme ou à la conscience noire. Je n'ai jamais eu un tel processus parce que le sentiment anti-noir ne s'est jamais ancré en moi. Je ne sais pas ce que ça fait de se dévaloriser.

C'est fascinant ça, parce que c’est si rare. Je pense que ta capacité à te présenter sans équivoque comme une femme noire et africaine est ce qui rend ton travail unique. D'où vient cela ? 

Cognitivement, le cerveau est tel que nous n'avons pas de souvenirs du moment exact où nous avons appris les choses que nous avons apprises. Nous ne nous souvenons pas du jour, nous prenons juste des habitudes et accumulons des connaissances. Mais je pense que ma mère y est pour beaucoup. 

Elle était si intentionnelle, même dans la manière dont elle a façonné comment je voyais mon propre corps. Ma mère me demandait toujours : "Pourquoi portes-tu une robe si longue ?" Et je répondais : "Mais je suis grosse." Et elle disait : "Non, tu ne l'es pas. Relève cette jupe et montre tes jambes, ouvre la fermeture éclair et montre tes seins. Regarde comme ils sont beaux". Elle était cette mère. Et je me disais : "Oh oui, en fait, tu as raison."

Donc, c'est juste une partie de mon identité. Dans certains espaces et pour certaines raisons, je mets en avant ma Négritude ou je l'exprime de manière plus théâtrale, car il faut parfois agiter même les espaces dont nous faisons déjà partie.

Il faut parfois agiter même les espaces dont nous faisons partie.

Tu peux me donner quelques exemples de ces moments où tu as ressenti le besoin de "mettre en avant" ta Négritude ?

Il y a des choses qu'on m'a dites en grandissant, notamment: "Oh, tu parles si bien, tu n'es pas comme les autres" - les autres étant mes compatriotes noirs. Ou encore : "Oh, tu es si propre". Maintenant, je suis adulte et j'entends encore des choses comme "Tu t’exprimes si bien". Mais je suis médecin! Certaines choses doivent couler de source, non? Ce sont des conversations où je m'assure que ma Négritude apparaît dans toute sa force, sans m'excuser ni demander à être validée. C'est toujours fascinant pour moi de voir à quel point je mets les gens mal à l'aise à ce moment-là.

Par exemple, chaque fois que je fais des présentations ici en Afrique du Sud ou même dans des instances internationales, beaucoup de femmes blanches me demandent : "Mais pourquoi ne dites-vous que femmes noires ? En disant "femmes noires, est-ce que vous nous excluez ?" Et je réponds : "Je sais que quand vous dites femme, vous ne parlez pas de moi. Je sais que vous ne m'incluez pas - ni les femmes noires, ni les femmes pauvres". J'ai actuellement des difficultés avec les femmes blanches qui sont libérales et féministes suivant leur propre appréciation et qui pourtant me donnent l'impression que le patriarcat est tout entier dans la pièce. Et comme elles sont soi-disant des "alliées" des femmes noires, c'est comme si elles n'avaient aucun compte à rendre.

Selon toi, quel est le dénominateur commun entre tous les exemples que tu viens de donner ?

C'est la façon dont les gens réagissent au fait que je suis une femme noire qui peut parler librement de son corps, qui peut articuler certaines choses sur ses expériences de vie, qui peut exiger certaines choses du gouvernement, qui n'est pas intimidée par qui que ce soit dans la pièce - littéralement, par qui que ce soit dans la pièce. 

Si les gens avaient une réaction différente, je ne crois pas que je saurai l'importance de ma personnalité. Mais parce qu'ils réagissent comme si c'était quelque chose d'extraordinaire, je leur dis: "Peut-être que vous êtes occupé.e à opprimer et à faire taire d'autres personnes qui me ressemblent, qui parlent comme moi, juste parce que vous le pouvez ?

De plus, je suis une médecin indépendante et je suis une activiste indépendante depuis longtemps. Je n'ai pas d'ONG et je ne dépends pas d'une subvention pour poursuivre mon activité. Par conséquent, comme je n'ai de comptes à rendre à personne, je dis parfois des choses au nom d'autres personnes qui doivent se taire parce qu'elles sont contraintes de garder leur emploi ou leur contrat. Je serais une fraude si je ne disais pas ces vérités au nom de mes compatriotes noires qui ne peuvent pas en faire autant.

Alors oui, parfois j'utilise ma voix délibérément pour faire bouger les lignes. Mais je ne sais pas ce que je pourrais utiliser d'autre, de toute façon. Je n'ai pas d'autres astuces, tu sais. Être Noire et être une femme Noire, c'est tout ce que je sais être. Et donc ma vision du monde sera toujours celle d'une femme Noire et je ne m'en excuse pas.

Aucune excuse à avoir! Entendre Dr .T. sur comment elle se positionne dans son travail  m’a donné une toute nouvelle perspective sur son écriture. Dans la prochaine partie de notre conversation, j’ai demandé à Dr. T. d’apporter plus de clarifications sur certaines des déclarations audacieuses qu’elle émet dans son livre A Guide to Sexual Health and Pleasure (Un guide de la santé et du plaisir sexuels - inédit en français) sur la virginité, le plaisir sexuel, le travail du sexe et plus encore. Pour en savoir plus, c’est par ici.

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Pour les actualités de Dr. T, c’est sur Twitter et Instagram @DrTlaleng

« Me réveiller un jour sans me sentir rebelle, c’est inimaginable » - Dr Tlaleng Mokofeng (Afrique du Sud) - 1/4

Dr Tlaleng Mofokeng, (ou Dr T. comme tout le monde l’appelle) vit plusieurs vies à la fois, les unes toutes aussi fascinantes que les autres. Médecin sud-africaine, Dr T. dirige DISA, une clinique basée à Johannesburg qui se spécialise sur la santé des femmes. Elle est également à la tête du cabinet de conseil Nalane, qu’elle a fondé pour promouvoir la justice reproductive en Afrique du Sud et dans le monde. Le tout en plus de son travail comme Vice-présidente de la Coalition pour la justice sexuelle et reproductive d’Afrique du Sud et comme Co-présidente de l’antenne sud-africaine de Global Doctors for Choice. Et c’est sans compter les émissions télé, les chroniques radio, et surtout son travail d’autrice où elle milite pour la santé et la justice reproductive et sexuelle des femmes et des enfants. Cette femme est une icône!

Je nourrissais donc de grandes attentes pour notre causerie, et laissez-moi vous dire, c’était beaucoup plus inspirant que ce à quoi je m’attendais. Dr T. m’a parlé du parcours qui l’a amenée à choisir l’activisme au lieu de se contenter du confort d’une carrière privilégiée mais silencieuse (1ère partie, ci-dessous). Nous avons parlé de sa voix, et pourquoi il est important qu’elle se présente sans ambages en tant qu’une sud-africaine noire (2ème partie). Puis nous avons décortiqué plusieurs des déclarations choc qu’elle fait dans son livre - Dr T: A Guide to Sexual Health and Pleasure  (3ème partie – à ne rater sous aucun prétexte !). Je ne pouvais laisser Dr T. partir sans parler de féminisme -  rendez-vous dans la partie 4 pour lire sur sa vision et pratique féministe.

Attachez vos ceintures!

Bonjour Dr T., et merci d'avoir accepté mon invitation. Je suis ravie d’avoir cette occasion de parler de ton livre, que j’ai adoré, mais aussi de ton parcours et tes combats. On va commencer par une question simple : comment aimes-tu te présenter lorsque tu rencontres quelqu’un pour la première fois ? 

Je dis : "Bonjour, je m'appelle Tlaleng. Je suis une travailleuse du sexe" (Rires).

Je ne l'ai pas vue venir, celle-là ! Sérieux, tu te présentes vraiment comme ça ?

Ça m’arrive, oui. Je trouve toujours cela comme une question assez bizarre parce que d'habitude, quand les gens demandent « Que faites-vous dans la vie ? », la question qui est vraiment posée c’est : « Quel niveau de respect dois-je vous accorder ? » C’est pour ça que je ne donne pas toujours mon nom complet ni mon titre. Je me contente de dire « Bonjour, je suis Tlaleng » et me fondre dans la masse. En général, après un moment il y a toujours quelqu'un qui vient me demander : « Attendez, vous ne seriez pas Dr T. ? » Et là je réponds : « Oui, c'est bien moi. »

Je trouve très intéressant de voir comment les gens vous traitent quand ils ne savent pas que vous êtes Dr T. et quand ils le savent. Dès qu’ils savent qui vous êtes, le changement est immédiat. Tout d’un coup, telle personne veut une consultation, ou veut parler des douleurs qu’elle a dans le dos depuis dix ans. 

Ça n’a pas l’air drôle. En même temps, quand on est une personnalité publique en Afrique du Sud et dans le monde entier, il faut s'y attendre… Non ? 

Oui, j’imagine que se mettre en scène fait partie du jeu. Mais ce que j'aime, c’est rencontrer les gens, et observer leurs interactions. Je pense d’ailleurs que c'est ce qui fait de moi un bon médecin.  Je n'ai pas besoin d'être constamment au centre de l’attention ; je préfère être un peu à la marge et juste observer.

A cause de cette hypervisibilité, ce n’est pas toujours possible d’être moi-même et de me détendre lorsque je suis en société. Trop de personnes veulent simplement utiliser votre capital social et la proximité qu’elles ont avec vous. La visibilité et la notoriété et tout le reste, pour moi, c’est un prix terrible qu’il faut payer pour pouvoir faire son travail. Je ne me suis pas lancée dans l’activiste en me disant : « Je veux être une activiste pour être connue ».

La visibilité et la notoriété et tout le reste, pour moi, c’est un prix terrible qu’il faut payer pour pouvoir faire son travail.

Pourquoi as-tu choisi l'activisme ? Les médecins que je connais se contentent de traiter leurs patient.e.s…

Depuis toujours, ma mère m'a encouragée à exprimer ce que je pensais. Elle ne m'a jamais punie pour avoir posé des questions ou donné mon avis. Du coup, une fois en faculté de médecine, je me retrouvais à dire des choses du type : « Je sais que vous êtes le professeur, mais je vois bien que dans vos cours sur les IST (infections sexuellement transmissibles) vous n’utilisez que des images des organes génitaux de personnese Noires, alors que pour parler de santé et de bien-être, vous utilisez toujours un homme Européen de 70 kg comme référence. ».

Pendant longtemps, j'ai pensé que c'était normal de m’exprimer ainsi. Mais en faculté de médecine, je me suis rendue compte que mes camarades internes et même les médecins craignaient d’être réprimandé.e.s pour avoir dit ce qu'ils/elles pensaient, pour avoir été en désaccord avec le professeur, ou simplement pour avoir voulu pousser la discussion un peu plus loin. Je leur demandais toujours : « Attendez, vous avez vu ce truc ? » Et tout le monde répondait « oui ». Et j’essayais de comprendre : « Alors pourquoi tout le monde se tait ? Sommes-nous en train de dire que ce qui se passe là est bon ? Pourquoi suis-je la seule à réagir ? »

As-tu trouvé la réponse à cette dernière question ? Pourquoi toi tu prends la parole alors les autres se taisent ?

C'est comme ça que je suis, tout simplement. Tout comme je ne peux pas dissocier Tlaleng du Dr. T, je ne peux pas dissocier mon travail de médecin du fait de m’exprimer haut et fort. Me réveiller un jour sans me sentir rebelle, c’est inimaginable. Accepter les choses telles qu'elles juste parce qu'elles ont toujours été ainsi, c’est inimaginable. Ce sont des sentiments qui me sont complètement étrangers. 

Je pense que devenir médecin m'a donné l'expertise dont j'avais besoin pour confirmer ce que je revendiquais depuis longtemps. Je ne me contentais pas de dire « Je n’aime pas telle ou telle autre chose parce que ça me met mal à l’aise », mais j’avais des preuves scientifiques pour appuyer mes propos. Ça m’a permis d’argumenter avec plus de pertinence, avec plus de clarté, avec plus d'obstination et aussi avec l'arrogance dont j’avais besoin pour répondre aux gens qui me disaient « Tu te prends pour qui ? ». Eh bien maintenant je peux leur répondre : « Alors, je suis médecin et ça fait 12 ans que j’exerce ce métier et c’est exactement ce que je suis. »

Ceci dit, le fait qu’on exige toujours des femmes noires – et des personnes noires en général – qu’elles corroborent ce qu’elles disent de leurs propres expériences de vie avec de la recherche et des diplômes, c’est de la discrimination pure et simple. Ce que je dis depuis que je suis médecin, et ce que j’ai écrit dans le livre, c’est ce que je dis depuis cinq, six, huit, dix ans. Mais maintenant, les gens se disent, « maintenant c’est bon! On peut la considérer comme une experte. » Pendant ce temps, tu as ces hommes et femmes Blanc.he.s médiocres qui se proclament expert.e.s des pays du Sud.

Le fait qu’on exige toujours des femmes noires - et des personnes noires en général - qu’elles corroborent ce qu’elles disent de leurs propres expériences de vie avec de la recherche et des diplômes, c’est de la discrimination pure et simple.

C’est clair. Ceci dit, se faire entendre est une chose et être activiste en est une autre. Pourquoi as-tu choisi de franchir ce cap plutôt risqué.

Je savais que me faire entendre et m'exprimer était tout aussi important pour moi-même que pour la communauté et les personnes autour de moi qui ne pouvaient pas le faire, pour quelque raison que ce soit. En tant que médecin, je suis confrontée quotidiennement aux visages des gens, à leurs émotions et à leur vie privée. Ça n'a rien d'académique. Ce sont des hommes et des femmes de la vraie vie : des personnes en crise, des personnes suicidaires, des personnes violées, des femmes qui ont besoin d'un refuge pour leurs enfants, leurs biens et elles-mêmes.

Les gens tweetent souvent sur la façon dont ils se sentent accablés et bouleversés par les titres de l'actualité. Imaginez donc être ce médecin qui va recoudre un enfant de trois ans souffrant de blessures dues à un viol. Pour moi, ce sont des gens de la vraie vie. Et donc, le sentiment d'urgence et l'entêtement que j'apporte au monde viennent du fait que je vois ces personnes tous les jours.

Par ailleurs, je n'ai pas tellement le choix. Je me souviens avec émotion d'avoir prêté le serment d'Hippocrate, et je sais qu'il va au-delà de la prévention des maladies et du traitement des personnes. Le serment d'Hippocrate parle aussi de défendre les droits de vos patients, et c'est un aspect que je prends au sérieux. Je pense que beaucoup de praticien.nes ont oublié que la défense des droits des patient.e.s fait aussi partie de leur pratique médicale. Récemment, j'ai vu des questions sur Twitter et dans les médias demandant si les universités devraient former des médecins qui se battent aussi pour la justice sociale. Cela me fait rire. Je me demande: que faisiez-vous depuis le début?!

Selon moi, être militante fait partie de ma pratique médicale, de mon rôle de médecin, de guérisseuse. Il s'agit d'améliorer le cadre de vie des gens. Partout dans le monde, les médecins sont très réputés dans la société. Il est important que j'utilise ce titre pour faire quelque chose qui ait un sens pour la société.

Quelle belle manière d’entamer cette conversation. Dans la 2e partie, j’ai demandé à Dr. T. de m’en dire plus sur l’intention derrière la façon dont elle se présente - cheveux afro, rouge à lèvres vif et tout! Sa réponse est un appel retentissant pour toutes les femmes noires dans chaque espace, et chaque jour. Cliquez ici et soyez inspirée!

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« Je vois un arc-en-ciel de féminismes » – Faten Aggad (Algérie) – 2/4

Nous sommes à la seconde partie de mon entretien avec Faten Aggad, experte en gouvernance et développement d’origine algérienne. Après une discussion fascinante sur son identité africaine (vous avez raté ça ? Cliquez ici) nous avons parlé de sa vision du féminisme. Et voici ce qu’elle dit.

Tout à l’heure tu m’as dit que tu étais une « panafricaniste et féministe qui s’assume ». Qu’est-ce que ça veut dire, pour toi, d’être féministe ?

Pour moi, ça se joue sur les choix que je fais au quotidien, et sur comment ils s'intègrent à mon système de valeurs et à mes croyances. En gros, comment j’évolue dans cette société moderne en tant que femme : en tant que mère, épouse, professionnelle avec une carrière à succès, fille, sœur, belle-fille et belle-sœur, mais aussi amie de personnes dont les croyances et les modes de vie sont très divers.

J'appartiens à des « sociétés » et à des environnements différents que ce soit au travail ou dans la sphère privée. Chacun de ces environnements vient avec des attentes sur la façon dont une femme doit mener sa vie, et je dois faire face à ces attentes chaque jour. J’ai le pouvoir d’influencer ces environnements autant qu'ils m'influencent.  

Pourquoi c’est important pour toi d’assumer cette étiquette de féministe et d’en être fière ?

C’est une étiquette qui s’attire une certaine stigmatisation, et il faut que cela cesse. En ce qui me concerne, je suis plutôt à l’aise de la porter. À mon avis, la plupart des gens qui stigmatisent le féminisme y voient une lutte anti-patriarcat, certes, mais aussi une lutte anti-hommes. Ils s’opposent à ce type de féminisme. Moi aussi, d’ailleurs.

D’autre part, les gens considèrent que le féminisme est importé de l'Occident et qu'il est porté par des femmes blanches. Ils y voient un féminisme qui célèbre le modèle de la « femme indépendante », par exemple. Il fut un temps en Algérie où il fallait s’habiller comme une Occidentale pour montrer qu'on était féministe. Il fallait porter la jupe la plus courte possible, des talons hauts, et bien sûr enlever son foulard. Quand le féminisme s’attache plus à l'apparence d'une femme qu’à son essence, c'est très problématique.

Quand le féminisme s’attache plus à l’apparence d’une femme qu’à son essence, c’est très problématique.

Tu peux élaborer un peu sur ce point ?

Ce que je veux dire c’est que porter une minijupe ne suffit pas à faire d’une femme une féministe. Tes actions font de toi une féministe, pas ce que tu portes. Tu peux porter le foulard si c’est ton choix. « Choix » étant le mot le plus important : c’est pour moi le mot qui définit l’essence du féminisme.

Le féminisme, c'est la capacité d'une femme à décider par elle-même de ce qu'elle veut, sans subir les contraintes du patriarcat. Et les choix des femmes ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre car le féminisme est contextuel.

« Le féminisme est contextuel » : ça veut dire quoi, exactement ?

Je ne vois pas le féminisme comme une seule entité, mais plutôt comme un arc-en-ciel de féminismes. Nos parcours personnels et nos contextes jouent un rôle important. Ce qui semble parfaitement ordinaire ici peut paraitre beaucoup moins normal ailleurs : une femme qui travaille aux Pays-Bas, ce n'est pas la même chose qu'une femme qui travaille au Yémen. 

En ce qui concerne le féminisme africain, il y a pas mal de choses à déconstruire. D’ailleurs, on parle de féminisme africain, le féminisme ne se manifeste peut-être pas de la même manière en Afrique du Sud qu’en Libye ou au Sénégal. De même, je pense qu’il faut déconstruire cette idée de la femme indépendante.

Alors, ça fait plusieurs fois que tu mentionne la notion de « femme indépendante ». On en parle ?

Il y a un argument féministe assez traditionnel qui voudrait que toutes les femmes deviennent indépendantes à tout prix. C'est pourquoi nous encourageons nos filles à étudier et à construire une carrière. Je suis d'accord, évidemment. Mais pour moi, la carrière n'est pas une fin en soi : c'est un outil qui permet aux femmes d’atteindre l'indépendance financière dont elles ont besoin pour choisir par elles-mêmes ce qu’elles souhaitent faire de leurs vies. 

Il y a aussi cette idée qu’être indépendante signifie se détacher émotionnellement des hommes. Dans le contexte africain, beaucoup en déduisent qu’être féministe implique être contre le mariage, par exemple. Pas moi. Bien au contraire, j’adore pouvoir compter sur mon mari. Je ne vois aucune contradiction entre le fait d’être une femme forte et le fait de se montrer vulnérable au sein de sa relation avec une personne qui vous aime, avec laquelle vous bâtissez une vie et une famille. 

Encore une fois, je vois l'indépendance comme cet outil qui nous permet de faire des choix et de garder le contrôle sur nos vies. Pour reprendre l’exemple des relations amoureuses, garder son indépendance devient un moyen de s’assurer qu’on ne restera pas coincé dans une relation très patriarcale. 

Qui sont les femmes que tu admires et qui ont inspiré ton engagement féministe ?

Sans hésiter : ma tante Mimi.  Chaque jour de sa vie, elle a remis en question nombre d’idées reçues sur la place des femmes dans la société. Elle n’a pas fait beaucoup d’études, mais à l’âge de 20 ans, elle a divorcé de son mari alors qu'elle était enceinte. À cette époque, la société algérienne n’était pas tendre avec les femmes divorcées, mais ma tante savait parfaitement ce qu'elle voulait dans la vie et ce qu'elle ne voulait pas. Elle a reconstruit sa vie avec les ressources limitées dont elle disposait. Pour moi, elle incarne la résilience de la femme africaine. 

Ma tante ne dirait jamais qu’elle est féministe, mais pour moi elle l'est, à tous points de vue. C'est une femme qui se soucie de son identité et qui a du respect pour elle-même. Elle m'inspire plus que toute féministe célèbre, peut-être parce que j'ai pu observer de près les choix et les sacrifices qu'elle a dû faire.

Ma tante ne dirait jamais qu’elle est féministe, mais pour moi elle l’est, à tous points de vue.

Elle a l'air extraordinaire. Il faut beaucoup de courage et de détermination pour appliquer les principes féministes dans nos vies quotidiennes. Et parfois, ces principes nous attirent des ennuis ! C’était quand, la dernière fois que ça t’est arrivé ? 

Il y a peu de temps, je parlais avec quelqu’un qui se plaignait parce que son conjoint essayait de la contrôler financièrement. Je lui ai répondu : « Mais c’est aussi ton choix » et ça l’a tellement offensée que je me suis demandé ce qui m’avait pris de l’ouvrir. (Elle rit) Le message que je voulais faire passer est que dans la vie, tout est une question de choix. Certains choix sont très difficiles et d'autres très faciles. Si tu choisis de rester dans cette relation et d’en accepter les contraintes, c’est un choix – pour revenir à la situation de cette femme.

J’imagine le malaise ! Qu’est-ce que tu as appris de cette conversation ? 

J'ai compris que je devrais faire l’effort d’admettre qu’il est difficile de faire certains choix.  Et aussi qu’il y a des façons un peu moins brusques d’exprimer mes arguments !

Se taper la honte, il n’y a pas mieux pour retenir sa leçon ! Je voulais en savoir plus sur la vision du féminisme selon Faten et comment il se manifeste dans sa vie de tous les jours. Cliquez ici pour une conversation qui mêlent grandes idées et moments pratiques de vie de la plus gracieuse des manières.

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